Dans le sens de la marche
L’exercice est intéressant et marcher est manifestement moins anecdotique qu’à première vue. Ma note voudrait alimenter la décision que vous prendrez ensemble et dans tous les cas, votre chemin sera le mien.
En proposant de marcher, de Genève à Lyon, pour les raisons que l’on sait, nous savons bien dans quelle direction marcher, mais nous avons le choix entre plusieurs chemins.
En résumé, les itinéraires sont au nombre de deux, avec la charge symbolique propre à chacun.
Le premier consiste à mettre un pied devant l’autre et recommencer. Comme dit Albert (1) le philosophe, « donc ma question de base, est-ce que vous marchez avec vos pieds ? ». La marche est alors avant tout un acte plutôt intériorisé, qui met en scène des marcheurs qui vont apprendre à se connaître, fuir la dispersion coutumière. Ils imposent de fait par leur rythme une invitation à réfléchir à une situation, à la condition faite à un certain groupe de personnes, pour nous les demandeurs d’asile. La « médiatisation » ou la « publicité » qui sont utiles à faire partager nos engagements pourrait alors se mettre en œuvre par la sollicitation de journalistes marcheurs.
Le deuxième consiste à concevoir le trajet comme une succession de manifestations ou d’événements accrocheurs où importent les instants urbains, partagés avec un public de passage, alors sensibilisé. L’important n’est pas la marche, avec le sens de la marche, mais l’acte manifestif donné à voir. Le déplacement devient le temps mort. Le vif est le lien avec les publics rencontrés.
Ces deux itinéraires ne sont pas à opposer. Ils procèdent de deux façons de voir, à un instant donné et il est à parier que chacun d’entre nous pourrait se faire tour à tour le chantre, à un moment différent de son parcours, de l’un puis de l’autre.
Pour ma part et parce qu’il n’est bien sûr ici que de propos forcément personnels, mon choix, dans le brouhaha du monde, me conduit par le premier itinéraire. Il m’importe moins aujourd’hui de convaincre que de montrer qu’un autre chemin est possible.
Bernard Bolze, chargé de projet pour le 60ème anniversaire de la Convention de Genève
à Forum réfugiés
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